SaGa 2 – Hihou Densetsu : « Tu veux un petit boulon ? »

Après un démarrage correct, la série SaGa continue son petit bonhomme de chemin sur Game Boy. SaGa 2 – Hihou Densetsu est dans la juste continuité de son ainé, peut-être même un peu trop proche pour être vraiment honnête, profitant de la médiatisation de Final Fantasy III sur Nes pour se faire connaitre. SaGa 2 n’est cependant pas forcément à jeter, bien au contraire !

Bonjour à tous et bienvenue dans cette nouvelle chronique oubliée. Seconde étape de notre voyage au cœur des faux Final Fantasy de la Game Boy, nous nous concentrons aujourd’hui sur SaGa 2 – Hihou Densetsu (Sa・Ga2: 秘宝伝説), un épisode loin d’être le plus original de la série, bien au contraire, mais qui assume clairement son objectif : combler le manque de jeu de Square, notamment sur Game Boy. En effet, en 1990, Square a sorti 3 jeux. Rad Racer 2 sur Nes, un obscur jeu de course futuriste. Final Fantasy 3 sur Nes le 27 avril (que nous avons vu précédemment). Et ce SaGa 2 – Hihou Densetsu, sorti le 14 décembre, presque un an jour pour jour après la sortie du premier. Avec ce second épisode, Square envoie deux messages : il a assumé le gameplay qui part dans tous les sens et il refuse de plonger dans le consensuel. Le studio donne déjà dedans avec Final Fantasy, ayant acquis en moins de deux ans un statut qui ne laisse pas la place à une créativité débridée (ce qui se vérifiera d’ailleurs à partir du 4e opus sur Super Nintendo). Avec SaGa 2, Kawazu confirme les choix exprimés dans le premier volet : un gameplay curieux, un scénario curieux, servi par une réalisation dans la bonne moyenne pour de la Game Boy. Sans vouloir me faire l’avocat du diable, il était difficile de faire autrement en moins d’un an…

L'innovation a-t-elle été grippée pour ce second volet ?

L’innovation a-t-elle été grippée pour ce second volet ?

Un petit tour dans l’équipe de développement de ce titre aurait pu nous mettre sur la voie, tant elle est proche de celle du premier opus. À la réalisation et au fouet : Akatoshi Kawazu, grand patron de la série. Il est d’ailleurs également crédité pour le scénario, aux côtés d’Hiromichi Tanaka, le game designer des 3 premiers FF et producteur du Tom Sawyer. Des précédents FF, SaGa et Seiken Densetsu, ce jeu héritera aussi de plusieurs de leurs talents. À la programmation sonore, keitarou Adachi (également présent sur FF3 et FF4). Aux graphismes, Hiromi Tanaka (FF3 et FF4) et Hiromi Ito (Seiken Densetsu). À la musique, le duo Nobuo Uematsu et Kenji Itoh (le compositeur de Seiken Densetsu). Notez également que SaGa 2 est la première collaboration de Nobuyuki Inoue, un designer que nous retrouverons dans les Romancing Saga, Live a Live, Legend of Mana et quelques Hanjuku Hero. Du beau monde pour une équipe largement sous-exploitée.

La lune ou la vie !

Statue grecque d'Isis

Statue grecque d’Isis

Un air de déjà-vu dans le gameplay, la réalisation, l’équipe technique et même dans les thématiques abordées par son scénario. SaGa 2 – Hihou Densetsu, que nous traduirions par « la légende du trésor », mais que certains sites traduisent par « le trésor de la déesse de la lune » (qui me parait plus être une traduction scénaristique qu’une véritable francisation), continue de piller dans les cosmologies orientales, occidentales et perses. Avec Isis, mais aussi Venus et Apollon, ce sont les cultures latine et égyptienne qui se greffer à l’univers de SaGa. Voilà une excellente opportunité de faire une petite digression sur Isis, personnage central de Hihou Densetsu. Figure emblématique d’Héliopolis, Isis y est l’une des déesses les plus importantes. Femme et sœur d’Osiris, elle est la mère d’Horus, le dieu de l’ordre et de l’harmonie. Dans le mythe osirien, Isis est la figure de la femme et de la mère dans toute sa splendeur. Elle donne la vie (voilà pourquoi elle est souvent représentée avec un palmier, symbole de vie éternelle). Guérisseuse, protectrice, elle dispose parmi ses symboles les plus usuels de l’ankh sacré (cette croix égyptienne symbole de vie), d’une coiffe ornée de deux cornes et, entre ces deux dernières, le disque lunaire (et non solaire, contrairement à Hathor). D’où ma préférence pour la première traduction…

Ce volatile a une tête de Chocobo, non ?

Ce volatile a une tête de Chocobo, non ?

La mythologie égyptienne n’est pas la seule à faire les frais de scénaristes en manque évident d’inspiration propre : on retrouve Ashura (dieu indien des enfers), Apollon et Venus de la mythologie grecque, ou encore Fenrir et Odin de la mythologie nordique. C’est d’ailleurs une habitude chez Square : le plagiat est au cœur de la mythologie Final Fantasy depuis ses tout débuts : Excalibur, Masamune, Odin, Bahamut, Shiva, Ashura, Leviathan, Ifrit, Titan, Hydra, Phénix, Alexander, Indra/Ramuh, etc. Autant de noms empruntés aux mythologies hindoue, japonaise, arabe ou celte, et à l’histoire de notre civilisation (d’Alexandre Le Grand au roi Arthur). Même Bahamut et les Chocobos ne sont pas de vraies créations de Sakagushi : le premier est un dieu serpent de la mythologie arabe, tandis que le second est le nom approchant d’une friandise japonaise dont la mascotte est un gros volatile (une sorte de M & M’s inventée par l’industriel nippon Moringa).

Tel père, tel fils ?

Venus, ...

Venus, …

... Ashura, ...

… Ashura, …

... et Apollon, tous empruntés

… et Apollon !

Revenons à nos moutons : le jeu. Dans SaGa 2, toute l’aventure tourne autour de la statue d’Isis, laquelle a été morcelée en 77 morceaux, appelés Magi. Ces Magi sont tous imbibés du pouvoir de la déesse. Mais, dit-on, un formidable pouvoir renaîtra une fois tous les morceaux à nouveau rassemblés. Bon bah, y plus qu’à comme on dit… Au début de l’aventure, votre héros est réveillé par son père qui lui confie l’un de ces Magi et disparaît sans laisser de trace. Quelques années plus tard, vous partez à la recherche de ce paternel aventurier et, par la même occasion, des 76 autres morceaux répartis aux quatre coins des 12 mondes du jeu (auxquels il faut ajouter le monde céleste et le temple en son centre). Vous vous rendez vite compte que les Magi sont au centre d’une guerre entre les Nouveaux Dieux et les Gardiens, un groupe de défenseurs des Magi dont le père du héros est membre. Ben voyons… Pour ceux qui ont peur que cela finisse mal, sachez que le père du héros ne meurt pas à la fin et repartira, avec son fils, vers d’autres aventures (retrouver l’arche perdue… Mais où est Harrison Ford ?).

Les différentes classes du jeu.

Les différentes classes.

La première chose qu’il vous faut faire en commençant le jeu est de choisir les membres de votre équipe de 4 guerriers (le héros est celui que vous devez choisir avant même de voir le début du scénario défiler). Comme Makai Toushi, Hihou Densetsu reprend le principe de FF1 : vous choisissez la classe de chaque personnage et son nom. Ici, vous avez le droit à 4 classes : humain (homme et femme), mutant (homme et femme), monstre (au choix pour le début : bébé dragon, lutin et gélatineux) et… robot ! Ah !!!! Enfin une nouveauté ! Une nouvelle classe, faite de boulons et d’écrous, dont l’évolution dépend essentiellement des équipements que vous lui installerez (jusqu’à 7 emplacements possibles). Pour les autres, aucun changement véritable. Je vous invite donc à lire la partie gameplay de ma chronique précédente.

Le cœur d'Isis, le dernier Magi.

Le cœur d’Isis, le dernier des 77 Magis.

Deuxième petite nouveauté : les Magi. Il s’agit de morceaux d’une statue, certes, mais rien ne vous empêche de vous en servir pour augmenter vos stats. Il en existe de nombreuses sortes : feu, glace, foudre, poison, puissance, défense, vélocité, mana. Il en existe 5 qui sont particulières : Masmune (attaque puissante contre une cible), Pegasus (téléportation), Aegis (défense contre tout type de magie), Prism (compteur de Magi à trouver restants dans chaque monde) et Œil véritable (dont vous n’avez usage que dans un seul niveau du jeu). Ces Magi s’équipent pour augmenter vos stats et rajouter des compétences. Rien de bien extraordinaire, mais cela a son charme, car, grâce à ces morceaux de statues, la customisation des personnages est plus ouverte et mieux contrôlable.

« Tu veux pas me filer un coup de main ? »

Arsenal, le dernier boss, est le système de sécurité de la Matrice...

Arsenal, le dernier boss, est le système de sécurité de la Matrice…

Troisième petite nouveauté : les NPC qui vous aident dans votre combat. Il s’agit de personnages (8 au total, dont le père du héros et Isis en personne) qui participent aux combats. Vous ne les contrôlez pas, mais ils ne donnent pas leur part au chat, c’est toujours ça ! Les NPC sont soumis aux mêmes règles que vos personnages : des armes à usage limité, des Magi (quand c’est possible), des attributs, des HP, etc. Comme dans l’opus précédent, les combats sont au tour par tour. Hormis une légère amélioration graphique et l’apparition de ces NPC, les phases de combats sont structurellement identiques entre le 1 et 2 : pas de background (sauf dans le combat final), peu ou prou d’animations (quelques clignotements) et quelques effets spéciaux associés aux différentes armes. En parlant des armes, notez qu’installer une arme sur un robot divise par deux le nombre d’usages maximum. En revanche, ces usages sont remis à leur maximum lorsque vous passez une nuit dans une taverne. Ca ressemble donc beaucoup au premier, c’est assez dommage qu’il y ait si peu d’innovations.

Petit bonus : la jaquette inédite US de Final Fantasy Legend II

Petit bonus : la jaquette inédite US de Final Fantasy Legend II

En conclusion, SaGa 2 s’adresse à ceux qui ont adoré le premier opus et qui ne souhaitent absolument pas changer le gameplay, mais simplement vivre une autre aventure. Car SaGa 2 ne change pas dans la forme (ou très peu) et ne révolutionne pas dans le fond. Il s’agit bien sûr d’un assez bon jeu sur Gameboy. Mais comparé au troisième opus, il est nettement moins bien. Je ne peux pas conclure sans parler du remake de SaGa 2 développé pour Nintendo DS. Pour faire court, la claque graphique est indéniable, les améliorations des combats profitent des développement de FF3 et FF4 sur DS et les ajouts scénaristiques rehaussent très largement cette production assez modeste au départ. Je n’y ai pas encore joué, mais de ce que j’en ai vu sur les vidéos Youtube, ça a l’air d’être une excellente petite production. Allez, je vous colle le trailer !

Next Stop : SaGa 3 ! Le triptyque Final Fantasy Legend finit en beauté, car pour SaGa 3, il y a du changement de prévu. Mais êtes-vous de taille pour devenir un champion du temps et de l’espace ? Réponse au prochain numéro !

A propos General Pingouin

Grand commandant des forces armées de la Banquise (et un peu journaliste jeux vidéo et high tech)...
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